Tomaga: l’éternité au bout des doigts

photo: Hannah Carvalho

Rarement un disque aura si bien porté son nom. « Intimate Immensity » évoque à merveille la musique de Tomaga et, avec elle, celle de toute une tradition d’artistes capables de nous arracher le temps de quelques morceaux à la réalité, tout en instituant une communication presque surnaturelle entre eux et nous.  Il serait presque criminel d’isoler un titre ici ou là. Cet ultime album du duo est avant tout un long périple sonore et vient en cela conclure une aventure créative qui s’est affranchie régulièrement des codes, pour le meilleur.

Je garde le souvenir d’un concert du groupe aux Nuits Sonores en 2015. Dans ce festival où ils n’avaient pas forcément grand chose à voir avec le reste d’une programmation pensée pour attirer des badauds en quête de fête, Tomaga avaient créé un refuge, une bulle sonore de trip exotique dans lesquels je m’étais caché. Dans Intimate Immensity, on trouve ici et là des parentés avec de glorieux aînés (éthio-jazz, ambient à la Eno, kosmische musik, B.O. de giallo, musique répétitive) mais cette nouvelle collection de morceaux renoue surtout avec cette luxuriance incroyable que l’on peut prendre comme un refuge effectivement ou un appel à l’évasion. Un truc qui n’appartient qu’à ce projet ou presque. Ce disque n’est pas totalement la fin de quelque chose, il est surtout une porte ouverte sur la sensation grisante d’une éternité, de cette immensité de sensations et d’émotions contenue dans une petite galette noire. Ne passez pas à côté.

 

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