Decibelles: « On s’en est pris plein la gueule par tous les véreux et les connards qu’on trouve dans le milieu musical »

A force de voir des seniors remonter sur scène pour gagner quelques piécettes sur le dos de l’héritage du punk rock, on a fini par oublier qu’il existait encore des groupes comme Decibelles, soient des ronds qu’on ne fera pas rentrer dans des carrés, pétris de rage juvénile.

Avec un nouvel album sous le bras, le bien nommé Rock Français, produit par Steve Albini à Chicago, le trio français offre un disque de rock’n roll qui, Dieu merci, n’existe pas pour faire revivre les morts. Qu’ils soient plutôt teintés de post hardcore (Noyée dans l’Océan), de no wave (le parfait Manger son ex) ou de noise rock un peu slacker (Dérailler), ces nouveaux morceaux semblent avoir été écrits avec la spontanéité d’un groupe qui passe plus de temps à tourner et boire des coups qu’à flâner sur les réseaux sociaux et chercher le bon trend pour cachetonner.

J’ai envoyé quelques questions par mail à ses membres qui m’a répondu à l’unisson (virtuel): « On nous a toujours reproché d’être trop mainstream pour intégrer le réseau underground, et beaucoup trop inaccessible pour intégrer le réseau mainstream (en France uniquement).  Donc au bout d’un moment, t’as envie de dire un bon gros fuck à tout le monde. On s’en est bien pris plein la gueule au cours de ces 10 dernières années par tous les véreux et les connards qu’on trouve dans le milieu musical. Nous sommes toujours prêtes à nous foutre de la gueule de tout (des autres d’abord, de nous même ensuite pour ne pas être totalement imbuvables), et je pense que c’est ce qui se ressent dans nos chansons. « 

Ce je m’en foutisme salvateur sert ici de base créative au groupe et leur permet de naviguer entre une naïveté portée en étendard et un deuxième niveau de lecture, évidemment facilité par le chant en français (d’où le titre, gros malins). On a atteint un stade où le message est devenu important, mais ce n’était pas toujours le cas avant. m’a raconté le groupe. On s’est beaucoup protégées en chantant en anglais, en chantant un peu n’importe quoi d’ailleurs, on ne s’investissait pas des masses dans les textes, les paroles, et puis au fur et à mesure on a pris confiance en nous, et on s’est senties plus légitimes à justement assumer ce qu’on voulait dire, que ce soit sérieux ou non ! D’où notre envie de composer l’album totalement en français.

Libéré des étiquettes qu’on pourrait lui coller (on évite le termes « punkettes » en 2019 svp), Decibelles est un groupe à part dans le paysage indie hexagonal, sans plans de carrières particuliers, sans tentation fashion, et qui portent ses morceaux comme un cran d’arrêt. Finalement plus punk que n’importe quel briton avec son bagde « Fuck Brexit ».

 

 

Article Précédent

Il y aura toujours une place pour un nouveau disque de folk intemporel dans mon coeur

Prochain article

Computerstaat et son post punk intemporel pour "faire vivre la flamme, loin du business"

Récent