Computerstaat et son post punk intemporel pour « faire vivre la flamme, loin du business »

C’est devenu presque une tradition de voir les musiciens post hardcore s’essayer à la musique synthétique, et il faut bien avouer qu’il en est souvent sorti des albums plutôt réussis, notamment du côté de la Mecque du genre, Washington DC, au hasard Supersystem ou Mi Ami.

Formé sur les cendres (?) de Kimmo, quatuor parisien noise rock, Computerstaat  a adopté une formule duo  pour balancer son post punk à claviers, presque animal. « Après des années de rock noise, à chercher des structures osées, et à partager la complexité d’un groupe de quatre personnes, nous avions un vrai besoin de simplicité » m’a dit Mathieu, le guitariste et chanteur, par mail. Et on ne va pas lui donner tort, tant, dès l’intro de ce premier disque, Radio, le groupe envoie valser les structures alambiquées pour revenir à un morceau coup de boule, binaire et roboratif.

Tout au long de cet album, on se plait à retrouver un terrain musical balisé mais qui ravit par un sentiment de fraîcheur qui renvoie d’emblée à l’eden punk des années No-Wave.  Nous parlions depuis un bout de temps avec Natasha (voix, claviers-ndr) de monter un groupe entre Kas Product et Metal Urbain (et on devait aussi avoir en tête The Normal), mais juste pour se donner un terrain de jeu, plus que pour s’imposer des limites. Aux début, nous avons même commencé à deux guitares avec une boite à rythme, et nos premières improvisations sonnaient comme du Young Marble Giants… avant que Natasha ne passe aux synthés et que notre son trouve son identité m’a expliqué Mathieu. C’est justement cette formule minimaliste qui varie de la voix féminine à masculine qui fait perdre gentiment la tête. Et sur lequel repose en grande partie le succès de cet album.

Entre la saleté de Suicide et un Sonic Youth empoisonné par la morgue de Kas Product (effectivement), Computerstaat offre un disque instantané, plein de surprises et qui renoue avec une vraie énergie punk. Une bénédiction inattendue par les temps qui courent, hors des modes, et qui sonne pourtant parfaitement crédible à l’époque du streaming et des filtres Instagram.

Ceci s’explique peut-être par les goûts du duo, pas enfermés dans les rayons d’une discothèque idéale: J’écoute du punk rock depuis mes 12 ans et ça ne m’a jamais passé. Même si nous avons beaucoup de références anciennes, qui correspondent aussi à notre jeunesse, nous sommes toujours ouverts aux nouveautés, et je découvre toujours d’excellents groupes aujourd’hui. 

Computerstaat contre le monde? On a parfois un peu cette impression sur ce disque. Loin d’une attitude étudiée, cela reflète surtout la personnalité de deux musicien.ne.s issu.e.s d’un terreau underground, qui reste vivace:

Ce qui est important c’est que les groupes passionnés, et la force des gens investis dans les scènes underground arrivent toujours à faire vivre la flamme, loin du business. Le business de la musique ne m’a jamais intéressé. J’ai toujours essayé de laisser la musique loin de ces questions là, pour éviter de salir quelque chose que j’essaie de garder sain. Quand j’étais jeune, la musique m’a permis de me forger une opinion politique, et m’a vraiment ouvert des voies qui ont fait ce que je suis, avec des questions éthiques importantes, etc. Mais je ne veux pas me mentir, je trouve qu’il faut accepter une certaine contradiction quand on monte un groupe. L’âge me permet d’accepter ses contradictions et de prendre le groupe avec simplicité.

Make Youth Sonic Again! ou un truc du genre quoi!

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