Dans la série des pitreries métas, Calvin Johnson a probablement mis la barre assez haut en proposant récemment aux enchères sur Ebay une paire de vieux jeans dégueulasses portée pendant les 80’s. Une façon à la fois subtile et drolatique de commenter le culte dont il fait l’objet et plus généralement les entreprises mercantiles qui exploitent le filon nostalgique.
Le trio français Chiens de Faïence aura évidemment bien du mal, en 2020, à renouer avec la subversion punk de Beat Happening et l’esprit lofi de K Records mais il vaut bien mieux qu’une paire de vieux jeans (ou un t-shirt Supreme x Daniel Johnston). Une façon très « Johnsonienne » de vous dire que s’il marche dans les traces de ses héros outsiders, le groupe de Nanterre dépasse l’exercice du revival pour trouver son langage propre et sortir au passage un album assez enthousiasmant d’indie pop bancale.
La grande qualité de Fail & Foil c’est ce sentiment de plongée dans l’intimité de ses auteurs, notamment à travers l’alternance du chant féminin et masculin. On y navigue de comptines antifolk en morceaux plus rageurs et distordus. Si le groupe marque les esprits en trouvant le juste milieu entre Paisley Underground et surf music outsider (sur Talk About You ou Curved Legs), on appréciera aussi son talent pour les morceaux émouvants mais pas nouilles, à l’image de Whispered Words. Chargé comme une mixtape de Lil B, ce deuxième album est assez riche en bons moments et en fougue juvénile intemporelle pour vous faire oublier notre séjour actuel sur la planète crotte. On n’a plus qu’à espérer les voir vite en concert!
Fail & Foil est disponible via Howlin Banana, Hellzapoppin’ Rds et Safe in The Rain Rds.
Comme d’habitude, je leur ai demandé de m’envoyer quelques uns de leurs coups de coeur récents.
HARMONIE
UN FILM: L’Arrière Pays de Jacques Nolot
UN LIVRE: Avant que j’oublie de Anne Pauly
BORIS
UN FILM: Section 99 de Craig S. Zahler
UN LIVRE: Aventures dans l’irréalité immédiate de Max Blecher
MALO
UN FILM: Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
UN LIVRE: Châteaux de la colère d’Alessandro Baricco