Triste mois d’avril.
Le grand ordre des magiciennes rousses (rien que son portrait au chat au dos de la pochette de From her to Eternity jette des sorts) a perdu l’une de ses plus éminentes représentantes.
Il n’existe pas une étape de la création artistique qu’Anita Lane n’ait pas transcendé.
Elle a été (entre autres) : l’un des figures les plus déterminantes de la scène underground de Melbourne ; la Mauvaise Graine auteure des deux chansons sur lesquels repose tout l’édifice Nick Cave & The Bad Seeds ; la chanteuse à l’élocution la plus délicieusement trainante et envoutante des années 80/90 – sorte de Billie Holiday post-punk (à défaut d’un meilleur terme) qui faisait de la moindre chanson un standard éternel.
Nous n’oublierons jamais ses manières enfantines et ses façons feignantes de délivrer. Ses paupières lourdes et ses magnifiques cheveux (presque) toujours en bataille. C’est comme si, pour ne pas faillir, Anita Lane inspirait à chaque fois l’idée de tout ralentir et de passer la journée au lit à l’abri du monde, à parler d’amour, de sexe et de Jésus (ses trois sujets préférés), et à rêver sous des averses de plumes.
Sugar in a Hurricane.
Si tout ça n’est pas l’œuvre d’une inestimable magicienne…
From Her To Eternity – So long gorgeous Anita.
ARTHUR LOUIS CINGUALTE