© Ida Dorthea
Quand j’étais petit, j’adorais le morceau J’ai vu de Niagara avec son clip au look SM grand public. En 1990, c’était une bonne BO pour ce qui se tramait dans le monde (j’ai appris que le morceau avait été censuré au moment de la guerre du Golfe, le saviez vous?).
« J’ai vu le sang (sang) sur ma peau, j’ai vu la fureur et les cris
Et j’ai prié (-ié), j’ai prié tous ceux qui se sont sacrifiés
J’ai vu la mort (mort) se marrer et ramasser ceux qui restaient »
Plutôt dark non?
La pop music funéraire est un genre à part aussi fascinant que nécessaire si vous voulez mon avis, et on va pouvoir ajouter à notre liste noire les français de Seppuku. Les cinq morceaux qui composent leur récent EP s’inscrivent dans une certaine tradition indie, shoegaze ou college rock. Mais la valeur ajoutée du groupe c’est cet étrange sentiment d’inquiétude désabusée qui nimbe ces petits tubes accrocheurs. A cet égard, The Office dégage une impression de lâcher prise, un peu comme si Gregg Araki filmait un remake de La Fureur de vivre sur les trottoirs de la Chapelle.
Le groupe évite avec brio (peut-être sans le vouloir et ce serait encore plus beau) tous les gimmicks agaçants de la musique de collectionneurs de timbres indie actuels. Ainsi, on décèle quelques petits toms électroniques ou un peu d’autotune (ai-je rêvé?). Va-t-on finir par parler de la chaleur de la production digitale face à tous ces disques produits uniquement avec du matériel analogique? J’ai l’impression que oui. Le final St Tropez est en tous cas la conclusion idéale à cet EP . Entre les barres d’immeubles, le chanteur y susurre « I want to go away » dans ce qui ressemble à un morceau baggy au bout du rouleau. Epuisé et fier, désespéré et touché par une forme de grâce, Seppuku regarde la mort avec panache.
(On saluera au passage cette pochette magnifique.)