Il se passe quelque chose de très étrange avec la carrière de Liz Harris. Alors que son projet Grouper parvient à un succès critique et public important (Spotify indique que 360 000 personnes l’écoutent chaque mois, ce qui est loin d’être négligeable pour un projet expérimental), la musicienne américaine semble vouloir s’effacer de plus en plus.
Une présence médiatique erratique (mais plutôt stratégique), des apparitions lives rares et plutôt arides (en témoigne son passage à Villette Sonique il y a quelques années) et une musique de plus en plus minimaliste qui s’éloigne des préoccupations indie d’un public séduit par The Man Who Died In His Boat, son plus gros succès commercial.
Après des albums composés et joués au piano uniquement, elle sort ce mois ci un double album en toute discrétion sous un nouveau pseudonyme Nihvek. Sur After His Own Death/Walking In The Spiral Towards The House, on découvre 4 longues plages inspirées par des voyages en Russie et dans les Açores. Souvent instrumentales, voisines des travaux de Jefre Cantu Ledesma (avec qui elle collaboré) ou Harold Budd, ses nouvelles compositions s’éloignent de la force émotionnelle de ses travaux habituels pour jouer sur une autre corde sensible: celle du silence, du souffle organique. C’est probablement pour cela qu’on ne retrouve cette voix si particulière seulement sur le début de ce nouvel album. Comme si elle voulait se fondre totalement dans le son et … disparaître.