Ellah a. Thaun: shoegaze des décombres et magie noire pour un monde meilleur

Telepathine, la deuxième piste du nouvel album de Ellah a. Thaun, incarne exactement ce que devrait toujours être un disque de rock à guitares. C’est à la fois violent, mélodique, rugueux, surprenant, on a l’impression de traverser en quelques secondes Slowdive, Darkthrone, Mudhoney, T Rex. Ça pourrait facilement se casser la gueule comme n’importe quel projet conceptuel foireux (je n’ai pas dit Deafheaven, c’est vous qui l’avez penser très fort). Mais non, ça tient debout et on ressort un peu ivre de toute cette électricité.

Des quelques infos que j’ai pu glaner ici et là (le groupe reste relativement discret, je crois, et ça participe à son charme dans cette période de linkinmybio à gogo), le disque rassemble des morceaux lives et sessions studios, évoquant un cut-up terriblement vivant. On est loin de la quête de perfection d’un paquet de groupes actuels de la scène rock hexagonale. J’avoue avoir aussi beaucoup aimé cette créativité un peu débridée qui crache ses tripes de piste en piste. A l’écoute du disque, on sent que le groupe ne cherche pas à plaire, juste à exprimer ce qu’il a dans les tréfonds. Il renoue parfois avec le folk occulte 70’s (Sentimental Brat), un baggy sound funéraire (The Flesh Fortress) ou joue de la pop romantique avec des rythmiques screamo (Pisces Moon Neuromantics). Arcane Majeur Deux est de ces oeuvres discrètes mais ambitieuses qui traversent les années parce qu’elle est personnel et sincère. Et en 2022, c’est déjà beaucoup.

ADRIEN DURAND

 

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