Bootchy Temple : rêve, bébé, rêve

Avec ce disque, il s’est passé un truc un peu étrange. Il a fait partie de ma vie avant que j’écrive dessus. D’habitude, ça se fait dans l’autre sens, on nous envoie les nouveautés, on les écoute en boucle quelques jours pour savoir quoi en dire et ensuite on s’en désintéresse souvent assez rapidement après publication. C’est pour ça que je trouve l’exercice des chroniques parfois un peu impersonnel et triste (ou alors 2020 m’a rendu plus émotif, peut-être). Ca ressemblerait un peu à un enchaînement d’histoires amoureuses sans lendemain et dont on ressort vidé et un peu nul.

Pas de chance que ça arrive cependant avec ce In Consumated Bloom, nouvel album de Bootchy Temple, que j’ai écouté pendant plusieurs mois donc,  (le groupe mettant des plombes à rendre la petite playlist commentée) et qui continue de générer ce sourire un peu bêta que fait naître l’alcool joyeux. Cet album, qui semble porter ses influences comme un ado des badges sur son sac à dos, réussit le drôle de numéro d’équilibriste de sonner à la fois très spontané (presque enfantin par certains égards) et très travaillé. Une collection de morceaux qui respire la défonce et le relâchement mais dans son aspect le plus positif, quand les corps se ramollissent et que les cerveaux arrêtent de faire le tri entre les informations importantes et les choses superficielles. Lost Future et ses allures de Springsteen sous Lexomyl, Can’t Tell comme un Deerhunter moins inquiet, Solastalgia et sa dream pop sous ecsta sont quelques uns des petits morceaux de bravoure de ce nouvel album (plus si nouveau donc). Et installe Bootchy Temple dans la catégorie si précieuse des outsiders chaleureux qui nous accompagnent au quotidien, hors de la hype et des agendas de l’industrie.

 

Comme d’habitude, je leur ai demandé de m’envoyer quelques uns de leurs coups de coeur récents.


LUC :

MUSIQUE

Song for the man des Beastie Boys sur leur album Hello Nasty, peut être mon préféré. Tout simplement incroyable, un des rares morceaux de l’album avec aucun sample, un chant mélodique, ça fait taire leurs détracteurs qui voient les Beastie Boys comme des débilos qui gueulent sur des empilements de samples. 

FILM

Huit et demi de Fellini. C’est un voyage entre les responsabilités du monde adulte et la douceur de l’enfance, entre les fantasmes et la réalité, ente la médiocrité et le génie,entre la solitude et la cohue. On est pas à la frontière du rêve et du réel, on est dans les deux, . Et la scène de fin….. la scène de la ronde…. superbe….. Rien est à jeter chez Fellini ( à part peut être son adaptation de Satyricon, moi j’ai pas trop aimé). En cinéma italien actuel, je conseille La grande bellezza de Sorrentino (encore un film sur la solitude et la médiocrité). 

 

LIVRE

Je crois que j’ai lu qu’un seul livre en entier dans ma vie ; « les recettes paysannes du Tarn ».

ça parle de bouffe, de bonne bouffe, c’est un livre de recettes en même temps, de bonne recettes.

 

SAM :

MUSIQUE

Most of the Time  – Bob Dylan (la version bootleg sur Tell Tales Signs, parce que j’aime pas du tout la version de l’album Oh Mercy, on dirait un mauvais morceau de Bashung). Pour ma part je finis toujours par revenir à Dylan, c’est familier, on s’y sent bien et c’est toujours aussi beau, même dans ses périodes que d’aucuns diraient moins « fastes ».

 

FILM

Mon Oncle d’Amérique – Alain Resnais
Sinon pour les périodes de confinement/d’anxiété je me reporterais à la sainte-trinité des séries salvatrices : Gilmore Girls, Parks & Recreation et The Office (U.S.). Côté britannique j’ai découvert Fleabag récemment, c’est très très bien.

 

LIVRES :

Le Carnet d’Or – Doris Lessing. Un livre que je suis en train de lire, d’une grande complexité dans la structure et en même temps il se lit hyper facilement. Attention gros pavé, mais bon c’est l’occasion, vous ne le regretterez pas.

Les couilles sur la table — Victoire Tuaillon. Un livre qui synthétise les épisodes du podcast du même nom, très instructif pour une réflexion sur la question / sur la déconstruction des masculinités, que je recommande à tous ces messieurs mes compères.

 

MARTIN :

MUSIQUE

Cindy Lee – The Limit

Ça faisait longtemps que je voulais écouter son nouvel album. Je me suis lancé cette semaine, voilà, à nouveau transi. Et puis l’autre jour, un voisin retraité à qui je rends de temps en temps visite m’a joué « Nights In White Satin  . Ah tiens ça faisait longtemps. En rentrant chez moi j’ai écouté  Days of Future Passed , l’album sur lequel on trouve ce morceau. Bah non je trouve pas ça too much, franchement j’ai adoré. 

 

FILMS

Bouge pas, meurs, ressuscite – Vitali Kanevski

Hop, merci wiki : Les amours de deux jeunes adolescents en 1947 à Soutchan, petite ville d’Extrême-Orient transformée en zone de détention.

Disons que c’est terrible sans être sombre. C’est rare ça non ? 

Ah, l’âme russe. 

Petite fille – Sebatien Lifshitz

Je sais pas si vous l’avez vu l’autre jour à la télé. C’est vraiment d’une très belle pudeur.

LIVRE :

La demeure des ombres – Pierre Bergounioux.

Un court texte ou l’auteur nous effleure de présences incertaines, diaphanes. Tiens j’y pense il y aurait presque un effet Cindy Lee. Il fait passer les ombres avec non-insistance, les apparitions sont fines, les croisées sont tellement bien choisies… Je l’ai lu hier dans mon bain, dans les vapeurs, c’était assez merveilleux. 

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