Il y aura toujours une place pour un nouveau disque de folk intemporel dans mon coeur

Maintenant que Facebook ne sert globalement plus qu’à poster des petites annonces (immobilières ou matrimoniales), je suis un peu perdu. De temps en temps, je poste naïvement des trucs qui me passent par la tête, des phrases que j’ai retenu. Dernièrement « Pourquoi faire quelque chose que quelqu’un d’autre a déjà fait mieux que moi? ». Suivi par de sacrés questionnements, réactions ulcérées, choquées. Back to 2010! Mais en effet, cette phrase est très lourde de sens. Et peut être au choix inspirante ou complètement terrassante. Prends ça dans les dents nouveau Facebook inutile.

La folk américaine a déjà écrit ses plus belles pages. Et on pourrait très bien se dire qu’il est inutile de se relancer dans l’écriture d’un disque adoptant les codes et grands présupposés de cette musique. Nos chocs esthétiques ne sont-ils définis que par l’innovation? Pas les miens en tous cas. Et malgré la quantité de disques anecdotiques sortis par des Dylan ou Joan Baez 2.0 ici et là, la magie opère régulièrement, sans que je puisse vraiment comprendre pourquoi. Récemment c’est arrivé avec ce morceau, chopé sur un blog américain.

Swimming Bell est le projet d’une jeune américaine, Katie Schottland qui a été assez sympathique pour m’envoyer un peu en avance son disque dans lequel je me suis plongé avec énormément de plaisir. Je lui ai posé quelques questions par mail pour essayer de comprendre comment ce disque avait été pensé et enregistré. « Le squelette de cet album a été enregistré à Leeds et Londres à l’hiver 2018. J’ai travaillé avec un ami, Oli Deakin. Ses parents sont musiciens et ils ont acheté une maison dans les 70’s à Ealing (à l’extérieur de Londres) qui est remplie d’instruments. Nous avons terminé le disque à Hoboken, New Jersey au studio de Sonic Youth.  » 

Wild Sight sonne de manière assez classique mais est parsemé ici et là d’ arrangements psychédéliques qui donnent à l’ensemble une petite touche shoegaze et ambient parfaitement enveloppante (on croirait même entendre Slowdive par endroits).  Dans cette logique, le titre We’d Find invite des drones de synthétiseurs comme base pour des vocalises spectrales. On pense à la rencontre d’Emmylou Harris et Grouper.

Katie m’a raconté: « j’ai été très marquée par Graceland de Paul Simon mais je n’écoute pas beaucoup de musique folk. Plutôt de la musique expérimentale et psychédélique ». C’est probablement ce qui explique la personnalité forte de cet album, à équidistance d’un songwriting vocal émouvant et de recherches sonores sur l’humeur et l’ambiance totalement prenantes. Katie Schottland a commencé à apprendre la guitare en tâtonnant après une blessure en 2015 (assez tardivement donc) et paraît, plus ou moins consciemment libérée du dogmatisme des disques habituels classés dans la catégorie folk qui se sentent toujours obligés d’exhiber leurs arrangements et leur puissance comme des justifications de leur droit d’exister après Buffalo Springfield ou The Byrds. Ici, Swimming Bell offre un premier album très mature et personnel, à classer aux côtés des travaux de Angelo De Augustine ou de Heather Woods Broderick, dont je reparlerai bientôt. Il n’y a plus qu’à espérer que vous l’écoutiez au casque avec quelques verres dans le nez plutôt qu’en musique de fond pendant un dîner où vous échangerez sur les derniers épisodes de GOT (peut-on souhaiter pire destinée à un disque? Je n’en suis pas sûr).

 

 

 

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