J’avais dit que j’arrêtais les chroniques de disque, je sais. Mais vendredi, quand j’ai écouté sous la pluie grenobloise le nouvel album de Music On Hold, mon esprit s’est mis en marche et a commencé à assembler quelques réflexions/punchlines sur ces chansons qui m’ont éclaté à la figure comme une canette trop secouée. Les voici.
Première constatation, il y a un peu de chances que ce disque ait la réception qu’il mérite. Sorti le 8 décembre dans un état de quasi-mort clinique du milieu musical indépendant français qui prend des vessies pour des lanternes, ce 4 Ever a pourtant réussi là où 90% de la production mondiale a échoué cette année: me faire écouter de la pop music. Pas celle ultra-conceptuelle abs-conne, pas celle de la chanson française dissimulée en hyper pop des Beaux-Arts, non cette bonne vieille pop cabossée qui nous donne l’impression de se balader dans un quartier qu’on connait par coeur et pas encore trop baisé par la gentrification. Dès His Master’s Voice, on sent qu’Emile Cartron-Eldin (la tête pensante derrière le projet) a écouté les bons disques (ceux de Lou Reed, John Maus, Bowie, Cleaners From Venus). La différence avec les troupeaux de poseurs actuels, c’est que sa musique, si elle est imprégnée d’histoire, respire un truc urgent et sincère qui est devenu foutument rare.
En me baladant sous la pluie avec ce disque, je me faisais une réflexion. Selon moi, les meilleurs albums pop réunissent deux grandes composantes: ils sont composés par des weirdos et évoquent souvent un lieu/temps qui n’existe plus. Ici, c’est le récit d’une ville (Paris) qui a disparu ou presque raconté par un gamin des rues qui se prend très probablement son absurdité contemporaine chaque jour en pleine face. Over par exemple sonne comme la fin imminente d’un monde chantée par un mec au bord du gouffre, avec un peu de vomi et de vin rouge sur sa chemise blanche. Il reste debout, digne et pendant 4:56 c’est le plus beau mec de Paris.
Si vous avez un peu de jugeote, laissez de côté James Murphy, Kevin Parker, Beck, Mac de Marco ces générations de baristas de la pop music et jetez vous dans cette Music On Hold. Personnellement ça m’a donné envie d’y croire, encore une fois.