Les tops disques, livres et films des gens du Gospel

Les tops de fin d’année c’est un peu comme la fête de la musique, un événement que les gens qui se revendiquent d’un certain bon goût ont tendance à snober. Et pourtant comme la soirée du 21 juin, faire et lire des tops restent un moment particulièrement réconfortant de l’année pour moi. 2023 a été marqué notamment par la publication de nouvelles plumes sur le site et dans le zine. Des rencontres virtuelles et réelles qui ont donné lieu à tout un tas de discussions et échanges passionnants. Seul bémol, personne ne suit le guide éditorial que je me suis cassé la tête à écrire. Donc, vous lirez ces tops dans une variété de mises en pages fidèle, finalement, à la liberté laissée ici (oui aussi j’ai un peu la flemme). Merci pour la foudre et à l’année prochaine! ADRIEN DURAND. 

ARTHUR-LOUIS CINGUALTE

Films :

Lost in the Night – Amat Escalante

A mon Seul Désir – Lucie Borleteau

Thelonious Monk, Rewind & Play – Alain Gomis

Pearl – Ti West

Master Gardener – Paul Schrader

Babylon – Damien Chazelle

Anatomie d’une Chute – Justine Triet

Trenque Lauquen Part 1. & 2. – Laura Citarella

La Femme de Tchaïkovsky – Kirill Serebrennikov

Le Règne Animal – Thomas Cailley

 

Musique :

Andre 3000 – New Blue Sun

Reverend Kristin Michael Hayter – Saved !

Swans – The Beggar

Devendra Banhart – Flying Wig

Follakzoid – V

Liturgy – 93696

Lana del Rey – Did you Know there’s a Tunnel under Ocean Blv

Johana Beaussart – Légendes de Chiens Hirsutes

Attila Csihar – Void ov Voices. : Baalbek

Nick Cave performing “A Rainy Night in Soho” at Shane MacGowan’s Funerals

 

Séries :

The Curse

Fargo (saison 5)

Copenhagen Cowboy

Winning Time (saison 2)

 

CLO JAQUEMIN

Entendus :
Angie McMahon – Light, Dark, Light Again
Bully – Lucky For You
Mitski – The Land is Inhospitable, So Are We
HAIM – Days Are Gone (10th anniversary edition)
Joseph – The Sun
Playlist involontairement 100% féminine, WHO RUN THE WORLD ?

Vus :

SWARM (série) par Janine Nabers et Donald Glover (Childish Gambino)
Mammifères (Mammals), mini série
Jury Duty, on ne sait pas si c’est du lard ou du cochon mais c’est très très drôle
This Is England ‘86 ‘88 ‘90, gracieusement offert par ARTE
Suzume, film d’animation de Makito Shinkai, la grosse chialade.

Autres kiffs :

Expo Bonne Chance d’ Elmgreen & Dragset, immersive et pétrifiante. (Centre Pompidou
Metz)
Concert de Tramhaus
Concert de Turnstile
Une Rose au Paradis, Barjavel 1981
Sur la route vers ailleurs, Benjamin Wood, 2021 (meilleur auteur de sa génération)

 

ADRIEN DURAND

Disques:

Tirzah Tri9love…???

Niecey Blues Exit Simulation

Full of Hell & Nothing When No Birds Sang

100 Gecs 10 000 Gecs

Ml Buch Suntub

Andre 3000 New Blue Sun

Nabihah Iqbal Dreamer

Lil Yachty Let’s Start Here. 

Lana Del Rey Did you Know there’s a Tunnel under Ocean Blv

The North Americans Long Cool World

 

Rééditions:

Replacements Tim (Let It Bleed Edition)

Folk Implosion Music for Kids

Cheval de Frise Fresques sur les parois secrètes du crâne

 

1 single obsédant

Antha J’ai demandé au soleil

 

Livres

Dege Legg Cab Driver

Jean Carrère Perdre

Han Kang Impossibles Adieux

Cormac McCarthy Le passager

Dana Spiotta Indocile

 

Films 

Hlynur Pálmason Godland

Damien Chazelle Babylon

Todd Field Tár

Emma Seligman Bottoms

Paul Schrader Master Gardener

Claire Denis Stars At Noon

Owen Kline Funny Pages

Sidney Lumet Daniel (reprise)

Noah Baumbach White Noise

Laura Poitras Toute la beauté et le sang versé

 

PIERRE DEMOTIER

Disques 

Lankum – False Lankum 

Sans vouloir spoiler le prochain numéro papier du Gospel, il est clair que Lankum va extrêmement loin dans son traitement transgressif des traditions musicales que le groupe aborde. Franchement, iels sont trop fort·e·s.

 

Jean Felzine – Chord Memory

Le meilleur lyriciste de France a encore frappé avec son disque de balades électroniques. Couplé à son EP Hors l’Amour, ce Chord Memory orné de la plus belle pochette de l’année est une pierre de plus à l’œuvre de Jean Felzine.

 

Sourdurent – L’Herbe de Détourne

Comment travailler les patrimoines musicaux régionaux en France sans devenir de purs réactionnaires ? Quelques éléments de réponse avec Sourdurent et en plus, on peut danser là-dessus.

 

Olivia Rodrigo – GUTS
GUTS montre qu’on arrive un peu au bout de la logique poptimiste qui nous fait (sur)analyser la pop manufacturée made in Disney. En mettant tous ses œufs dans le panier de la pop post-grunge, Rodrigo réussit son OPA pour plaire à la fois aux boomers nineties et à leurs enfants.

 

Livres

Rockyrama hors-série – Le Silence des Agneaux

Loin de moi l’idée de vouloir me distinguer en citant un magazine plutôt qu’un livre, c’est juste que cet ensemble de textes est très souvent brillant. Loin de disséquer stérilement Le Silence des Agneaux, ce hors-série nourrit la mystique du film plus de trente ans après sa sortie.

 

Film

Baloji – Augure 

Au-delà du « réalisme magique » et de la beauté formelle de ses images, le premier long-métrage de Baloji dépasse la pure symbolique en entremêlant des thématiques puissantes qu’il parvient à traiter intelligemment ET sensiblement. 

 

 

ARTHUR BOUET

Dix films qui ont enchanté mon année

« Il n’y a pas d’anciens films et de nouveaux films, il y a des films qu’on a vus et des films qu’on n’a pas vus ». Souscrivant pleinement à cette déclaration du réalisateur et historien du cinéma Jean-Baptiste Thoret, voici un top 10 des plus beaux films découverts cette année hors de l’actualité des salles de cinéma.

 

1. Light Sleeper (1992) – Paul Schrader.

Mon choc esthétique de l’année. L’histoire d’un dealer mélancolique qui cherche à raccrocher dans un New York cradingue en voie d’aseptisation. Une prestation hypnotique de Willem Dafoe qui traine sa mélancolie dans une nuit désenchantée, lacérée de néons. La musique déchirante de Michael Been du mythique groupe de new wave The Call. Un Paul Schrader encore trop méconnu, et la dernière pièce d’une trilogie secrète sur la rédemption initiée par Taxi Driver et American Gigolo.

Light Sleeper (1992) Trailer #1 | Movieclips Classic Trailers

 

1. Brawl in Cell Block 99 (2017) – S. Craig Zahler

Regarder ce film c’est comme se prendre une porte dans la gueule et adorer ça. Jeté en prison pour trafic de drogue, Bradley est obligé de se frayer un chemin à coups de poings jusqu’à la geôle la plus sécurisée du pays pour y descendre un type, afin de contenter les mafieux qui détiennent son épouse. Dans son meilleur rôle, Vince Vaughn traverse le film comme un bloc de béton écrasant toute matière organique sur son passage. Petit génie de la série B dont on attend des nouvelles avec impatience, Zahler est aussi le réalisateur de Bone Tomahawk et Dragged Across Concrete, tous deux hautement recommandables.

BRAWL IN CELL BLOCK 99 (2017) Trailer

 

1. A ma soeur (2001) – Catherine Breillat

La sortie cette année du sublime L’Été dernier fut pour moi l’occasion de compléter la filmographie de Breillat et d’y découvrir des merveilles parmi les plus subversives et passionnantes jamais produites en France. Dans A ma soeur, elle filme comme personne l’ennui estival de son sempiternel personnage de jeune fille. Elena découvre la sexualité dans les bras d’un homme plus âgé, sous les yeux de sa jeune sœur Anaïs qui partage sa chambre. Probablement la meilleure scène de première fois au cinéma. La rencontre évidente avec Roxane Mesquida. Un film radical, sans compromission, à l’image de sa fin glaçante.

À Ma Soeur ! (2000) Bande Annonce VF [HD]

 

1. See No Evil (1971) – Richard Fleischer

De Richard Fleischer, trop souvent réduit à son statut de réalisateur de commande, je n’avais vu comme beaucoup de gens que Soylent Green. See No Evil est la confirmation qu’en plus d’un artisan doué, Fleischer est surtout un auteur habité par des questions de mise en scène puissantes. Ici : comment filmer la traque d’une jeune femme aveugle – interprétée à corps perdu par Mia Farrow – par un tueur sans visage ? Le hors-champ, l’espace sonore, toute la grammaire cinématographique est utilisée à son plein potentiel pour livrer rien de moins qu’un chef d’œuvre.

See No Evil (1971) ORIGINAL TRAILER [HD 1080p]

 

1. Delivrance (1972) – John Boorman

Il y a des classiques que l’on tarde à voir. Delivrance en fait partie et il ne m’aura fallu que cinq minutes et trente-trois secondes pour adorer ce film. C’est précisément le temps qu’il faut pour arriver à la scène du banjo : une joute guitare contre banjo entre un citadin naïf et un gamin péquenaud flippant, qui suscite aussi bien l’euphorie qu’un malaise latent. En cela, elle préfigure parfaitement la suite du film : l’exaltation des grands espaces, la barbarie des hommes, et le terrible retour de bâton de l’utopie américaine.

Deliverance – Original Theatrical Trailer

 

1. Candy Land (2023) – John Swab

Si le nom de John Swab vous est inconnu, c’est parfaitement normal : aucun de ses films n’a été distribué dans l’hexagone. Candy Land ne fait pas exception puisqu’il n’a pour le moment toujours pas de distributeur français. Ce film est pourtant une petite merveille qui sent bon l’americana, avec sa bande de prostitué.e.s white trash officiant sur une station service du Montana, terrorisée par l’arrivée d’une rescapée d’une secte fondamentaliste. Swab excelle à croquer des personnages drôles, attachants, profondément humains, avant que l’horreur n’éclate. Amateurs d’Harmony Korine et de Gregg Araki, bienvenue chez vous.

Candy Land | Official Trailer

 

1. Mandingo (1975) – Richard Fleischer

Réhabilité depuis sa sortie où il fut conspué, le film est encore trop méconnu à mon sens, d’où sa présence dans cette liste. Injustement taxé de racisme par l’ensemble de la presse américaine incapable de regarder son histoire en face, Mandingo est en réalité l’antidote absolu à Gone with the Wind. Fleischer y décrit sans flancher ce que fut la réalité de l’esclavage aux Etats-Unis : une entreprise systémique de déshumanisation et une page honteuse de son histoire. Une mise en scène d’orfèvre, des personnages pathétiques et un final terrible : un jalon essentiel de l’histoire du cinéma américain.

Mandingo (1975) ORIGINAL TRAILER [HD]

 

1. Metropolis (2001) – Rintarō

Enfant, j’avais été marqué par la promotion du film dans le Journal de Mickey. Vingt ans plus tard, mon abonnement à la revue a expiré mais le film, lui, n’a pas pris une ride. Librement adapté du manga d’Osamu Tezuka, lui-même inspiré du chef d’œuvre éponyme de Fritz Lang, Metropolis est un film-monde, qui nous plonge au cœur d’une machination politique dans une cité industrielle totalitaire. L’animation est virtuose et foisonne de détails, la mise en scène précise, et la bande originale jazz ne nous quitte plus depuis. Metropolis est de ces films dont on sent qu’on aura jamais fini d’en faire le tour.

Metropolis Trailer HD (Anime 2001)

 

1. Eaten Alive (1976) – Tobe Hooper

Drôle de carrière que celle de Tobe Hooper, célébré comme l’homme d’un seul film (The Texas Chainsaw Massacre). Plonger dans sa filmographie s’apparente alors à une chasse aux trésors parfois récompensée par la découverte d’un joyau oublié. Pensé comme un décalque juteux du Jaws de Spielberg, Eaten Alive est cent fois plus malade et impertinent que son modèle. Une galerie de personnages tous plus jetés les uns que les autres (mention spéciale à William Finley, hallucinant) se succède dans l’hôtel minable de Judd, un maniaque qui les livre aux mâchoires de son crocodile. Tous les curseurs sont lâchés, les répliques sont cultes (Tarantino s’en souviendra) et la lumière rouge profond de Robert Caramico donne au film l’atmosphère des EC Comics. Culte.

Eaten Alive 1976 Trailer HD | Tobe Hooper | Neville Brand

 

1. Rise of the Planet of the Apes (2011) – Rupert Wyatt

J’avais honteusement snobé le film à sa sortie, que j’avais jugé trop vulgaire pour mon bon goût. Mal m’en a pris car il est en fait excellent. Coming of age d’un orang-outan élevé par des humains, Rise of the Planet of the Apes est aussi le récit de l’éveil d’une conscience de classe/d’espèce. Enfin permise par la révolution numérique, la révolte du monde animal face à l’humanité spéciste trouve ici une forme extrêmement aboutie, et donne lieu à des scènes d’autonomisation proprement bouleversantes.

Rise of the Planet of the Apes | Official International Trailer | 2011

 

 

BEN LUPUS

Romans:

Cormac McCarthy – The Passenger

Thomas Ligotti – Mon travail n’est pas terminé 

Karl Marlantes – Deep River 

Bd :

Daniel Clowes – Monica

Lika Nüssli – Une enfance de paille 

Julie Doucet – Suicide Total

Hergé – Intégrale Jo, Zette et Jocko 

 

Musique :

Ragana – Desolation’s flower

Hana Stretton – Soon

Raul Refree – el espacio entre

 

 

PATRICK FOULHOUX

DAMIEN STEIN