Exuma était le Bob Dylan des Bahamas

Avec tous les tâcherons qui se sont appliqués ces 30 dernières années à faire de la musique folk la bande son idéale des Starbucks Coffee du monde entier, on aurait presque pu oublier combien cette musique peut être gutturale, primale et habitée.

On pourrait assez facilement remettre les pendules à l’heure en réécoutant Exumal’album du projet du même nom, pseudonyme adopté par un musicien originaire des Bahamas Tony McKay et né dans les années 40. Celui ci débarque à New York à la sortie de l’adolescence et tombe nez à nez avec la florissante scène folk de Greenwich Village qui s’apprête à envoyer au firmament Bob Dylan et Joan Baez. Initialement repéré par un manager et signé par une major qui espère en faire le nouveau Dr. John, il adopte rapidement le nom d’Exuma et s’entoure de 6 musiciens: le Junk Band.

La suite c’est un suicide commercial mais surtout la sortie de Exuma I en 1970un disque magnifique de folk rock hippie baigné de percussions et d’influences africaines. La force d’Exuma c’est cette capacité à créer des climats sonores hantés et évocateurs d’un ailleurs peuplé de loups hurlant à la lune et de tempêtes tropicales qui lavent les âmes damnées (qu’on entend d’ailleurs sur ce disque, les loups et l’orage, pas les âmes hein).

L’héritage du son Exuma on le retrouve dans une certaine frange de la musique psych américaine actuelle (Sun Araw) et peut-être aussi dans la scène folk punk des dernières années (Des Ark ou même les premiers Against Me!) qui lui emprunta ce timbre éraillé et ce jeu de guitare aussi sec qu’une écorce d’arbre brûlée au soleil.

Exuma I a été réédité par Mercury et se trouve pour 30 balles et des brouettes sur Discogs.

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