En 1986, Butthole surfers offraient un des concerts les plus dingues et sales de l’histoire du rock

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Le Texas, un peu comme toutes les régions ploucs, a produit des groupes aussi cintrés que malsains et donc forcément particulièrement drôles. 

Les Butthole Surfers (ce nom quand même) étaient de ceux là. Formés au milieu des années 80 dans la scène punk hardcore de San Antonio, ils dépassèrent vite les gimmicks « 1,2,3,4 » pour se lancer dans la grande aventure psychotrope et exploser les formats de l’époque. Comme tout bon drogués qui se respectent,  les texans n’avaient qu’un but: satisfaire leurs propres instincts de destruction, de plaisir et flatter leur ego en même temps que leur zizi. Cela les a mené à se noyer dans un océan de conneries intergalactiques et de peu à peu se faire connaître comme un des groupes scéniquement les plus crades et funs du moment.

Gibby Haynes, le leader charismatique de ce gang de pervers et improbable croisement entre Beetlejuice, Captain Beefheart et Anthony Kiedis, jouait souvent à moitié nu, des pinces à linges accrochées aux tétons et défoncé à l’acide, jetant des capotes remplies de faux sang sur un public hébété. Le guitariste Paul Leary se trimballait toujours avec de l’essence à briquet et mettait régulièrement le feu à sa guitare et par extension sa main. Mais la véritable star du groupe était sans doute Kathleen Lynch, « danseuse exotique » de son état, qui se produisait nue ou dans des tenues évoquant un bordel spatial et incestueux.

Le paroxysme de cette folie punk a été atteint lors d’un show devenu légendaire dont beaucoup parlait sans que personne ne sache ce qui s’y était vraiment passé.  En 1986, le groupe, dont le premier nom était « The Right To Eat Fred Astaire’s Asshole », partit en voiture de Los Angeles pour se rendre à New York afin de jouer deux concerts au Danceteria, un night club hip de l’époque où se croisaient punks et célébrités naissantes (Basquiat y draguait Madonna, et c’est là que Susan Sarandon déambule dans Recherche Susanne désespérement).

Ils passèrent le trajet à se défoncer à l’acide et prirent donc plutôt bien la nouvelle que le 2e concert est annulé. Gibby arriva sur scène au bord de l’évanouissement et s’attaqua aux amplis de ses congénères avec un tournevis avant de casser une bouteille sur la tête de Leary. Le batteur de l’époque (répondant au doux nom de Cabbage) et Kathleen la danseuse avaient apparemment trouvé un jouet des Pierrafeu en loge et l’avaient rempli de leur pisse. Pendant que Haynes jetait des bouteilles en verre dans la salle, le public se prenait des jets d’urines dans la figure. Le chaos ne s’arrêta pas là, puisque Haynes visiblement pas lassé de l’anatomie de sa danseuse entreprit de la labourer comme un Ron Jeremy des grands soirs, devant un public hébété.

Finalement le manager du Danceteria arrêta le show et les vira à grands coups de pieds au cul, leur promettant de les blacklister dans tout New York. Ce qui n’empêcha pas les Surfers de jouer pour le plus gros cachet de leur vie quelques semaines plus tard au CBGB. La légende était née  la vidéo est assez floue mais l’idée y est (un peu d’imagination que diable).

Les années qui suivirent furent plutôt fastes et totalement typiques de la scène alternative des années 90. Kurt Cobain citant le groupe en interview, un petit malin de Capitol signa le groupe qui finit par avoir un semi hit indie et enregistrer un album avec John Paul Jones . S’ils calmèrent un peu le jeu, les Butthole avec leur mélange unique de rock défoncé, de noise et d’electronica trituré ont à leur façon annoncer une grosse frange de ce qui cartonna 15 ans plus tard  (Animal Collective notamment). Après des re-formations mollasses et des touches pipi avec les Melvins, le groupe annonçait il y a un peu moins d’un an un nouvel album dont l’enregistrement serait motivé par la présidence de Trump (évidemment). Punk is dad.

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