Opinion: My Bloody Borderline

 

Vous vous souvenez de Nick Cave qui affirmait à une époque « à chaque fois que j’entends un morceau de merde, c’est une chanson des Red Hot Chili Peppers? » J’ai repensé à ça en écoutant le nouvel album d’Opinion parce qu’à chaque piste, c’était tout le contraire. Je me disais dans un vocabulaire déjà vintage « ce morceau tue », « non, celui-ci » « non c’est celui-ci le meilleur ». Quel foutu plaisir d’écouter un disque de A à Z en se lovant (un terme qui devrait découler de l’anglais ‘Love’ si vous voulez mon avis) dans ces morceaux bruyants et mélodiques, accrocheurs et jamais tapineurs.

C’est un fait, certains artistes –les plus prolifiques en particulier, ont parfois besoin de contraintes pour avancer. Il semblerait que ce disque intitulé Horrible est ainsi été enregistré un soir de Nouvel An, d’une traite, par Hugo Carmouze en solo. Oui le même qu’on avait cueilli à la sortie de ses années de lycée, déjà terriblement nimbé de talent, capable d’ avaler et digérer 40 ans de musique à guitares et d’en faire un vomi arc en ciel dont on ne s’est jamais lassé (exploit). Ici, il affirme avoir voulu créer le disque de noisy pop le plus « horrible »possible, même si je soupçonne un tantinet de « fishing for compliments » comme disent les Anglo-Saxons. Le son est certes lo-fi, mais loin du grind ou de la harsh noise (avec lesquels il fricotte sur d’autres disques). Ce qui brille de mille feux ici, c’est bien le songwriting d’Hugo et cette voix capable de monter dans les aigus et de s’ouvrir la gorge en deux pour faire déferler les flammes sur nous, pauvres pécheurs. Ce son crade et saturé n’est finalement qu’une partie d’un tout, un postulat qui fait passer les délires techniques et la bienséance sonore au second plan pour redonner au rock un peu de la sauvagerie et de l’honnêteté dont il a désespérément besoin.

Entre vous et moi, à cet endroit, il serait bien dommage de réduire la musique d’Opinion à des comparaisons avec d’autres artistes, parce que produire un disque aussi phénoménal de manière aussi spontanée et slacker est probablement la marque d’un grand musicien, du type de ceux qui durent, qui se renouvellent et qui ont autre chose à raconter que des histoires de stratégies plus ou moins obliques pour nous faire les poches.  Merci pour ce disque!

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